CAFTAN WEEK : LA JEUNESSE TAILLE SA PLACE DANS LA HAUTE COUTURE MAROCAINE

Une soirée comme on en voit peu. Luxe feutré, effervescence en herbe et jeunesse inspirée : tout était réuni pour faire de ce défilé de jeunes talents un moment fort de la scène mode marocaine. Sept créateurs émergents ont transformé le podium en un théâtre d’expression, entre héritage textile et visions contemporaines du caftan.

C’est à Park Hyatt Marrakech que cet événement a eu lieu. Son espace somptueux a servi de décor à cette célébration de la jeunesse créative. Le tapis rouge menait à une salle où tout scintillait : les regards, les tissus, les idées.

Dans une ambiance électrisée par les basses suaves d’un DJ set  et les bruissements de soie backstage, le public s’est laissé emporter dans un voyage stylistique qui repousse les limites de la tradition. Une jeunesse qui ose, qui réinvente, sans jamais perdre de vue l’essence du caftan marocain.

Parmi les protagonistes de ce moment fort, Btissam Lazrak qui a captivé les regards avec une collection à la sobriété minimaliste, travaillée autour des couleurs du Sahara, évoquant la lumière du désert. Kaoutar Bousselham, elle, a opté pour un style plus révolté, jouant avec les découpes géométriques et les manches.

Rania El Kharchi a impressionné avec un caftan aux manches florales en 3D, clin d’œil à la renaissance de la nature. Zineb Moujid, plus audacieuse, a osé un mélange dentelle et mousseline — pari risqué, mais salué par les fashionistas du premier rang. Mounia Ouchan s’est aventurée sur le terrain du caftan de soirée avec des pièces dignes de tapis rouge, tandis que Habiba El Belhaddar a charmé avec une collection pastel au raffinement poétique.

Et puis, il y a eu Zineb Aqqa. Une vision. Dès son premier modèle, le silence s’est fait dans la salle. Un caftanà la ligne presque architecturale, rehaussé d’un travail d’une finesse exquise. Puis un second modèle couleur sable, fluide, aérien, presque dansant. La créatrice semblait avoir capté l’essence du désert ses terres, ses vents, sa lumière, pour la faire défiler.

Pour départager ces talents, un jury à la hauteur de l’événement. Roméo, créateur tangérois au style flamboyant, n’a pas mâché ses mots : « Je me suis vu à travers eux. Cette énergie brute, cet amour du détail… c’est exactement ce dont la mode a besoin aujourd’hui”, se réjouit-il.

À ses côtés, Mayssa Maghrebi, actrice et icône glamour, a salué « la magie opérée par des mains jeunes mais pleines de maîtrise », tandis que Lahoucine Ait El Mehdi, styliste et formateur, a rappelé l’importance de transmettre, de guider cette relève qui « fera rayonner l’art du caftan au-delà des frontières« .

C’est donc Zineb Aqqa qui a remporté le titre de « Jeune Créatrice de l’année« , ainsi qu’un prix de 30.000 dirhams. Mais au-delà de la somme, c’est la reconnaissance d’un talent pur, travaillé, et une invitation à participer à la 26e édition de la Caftan Week en 2026, cette fois, en tant que créatrice confirmée.

« Je suis submergée par l’émotion », confiait-elle, enveloppée dans l’un de ses caftans, quelques minutes après sa victoire. « J’ai puisé dans mes racines, dans les récits que ma grand-mère me racontait, dans les textures de mon enfance… Aujourd’hui, je veux que le monde voie que le caftan n’est pas figé, qu’il peut vivre, vibrer, évoluer”.

Le Maroc, riche de ses traditions, s’ouvre aux regards du futur. Et si les grands noms du caftan ont tracé le chemin, il semble que la relève soit déjà en marche, entre de bonnes mains, les ciseaux affûtés et les rêves bien cousus.

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2025-05-10T09:18:03Z