Alors que la guerre médiatique est déclenchée ouvertement entre Paris et Alger, un sujet risque de provoquer le retour vers les blessures de l’Histoire.
Un film documentaire très attendu par Alger et Paris a été diffusé le 9 mars 2025 sur la RTS (la Radio-télévision suisse).
Coproduit par France Télévisions, sa diffusion a d’abord été annoncée sur France 3, avant d’être déplacée sur France 5 le 16 mars à 23h dans l’émission La case de l’Histoire. Une projection en avant-première aura lieu le 13 mars 2025 au cinéma- Écoles cinéma club- à Paris.
Ce film qui risque de faire du bruit est le fruit du travail de l’historien Christophe Lafaye et la réalisatrice Claire Billet. Ils avaient partagé l’expérience de l’Afghanistan. En 2020, la réalisatrice a voulu travailler sur la mémoire de la guerre d’Algérie. Elle faisait des recherches inédites sur l’usage des armes chimiques par l’armée française durant la guerre d’Algérie. En particulier dans les grottes et lieux souterrains. Et c’est à l’Ecpad, le service des archives audiovisuelles de l’armée française, qu’ ont été retrouvés quelques photos et quelques films. Durant la guerre d’Algérie, tout ce qui touchait aux armes chimiques avait été gardé hors du champ des caméras militaires : les masques, les combinaisons, les munitions et les opérations chimiques n’ont pas été filmés. Invisibles. Avant de réaliser Ascenseur pour l’échafaud, le cinéaste Louis Malle s’est rendu en Algérie pour un projet de fiction adapté du roman La grotte de Georges Buis, qui raconte une bataille souterraine. Dans les archives du cinéaste, conservées à la Cinémathèque française. Louis Malle n’a jamais fait son film sur la guerre et on ignore s’il a su que des armes chimiques avaient été employées. Dans un de ses carnets de repérage, un nom de famille avait été griffonné : celui d’un ancien combattant que l’historien Christophe Lafaye a rencontré, parmi de nombreux autres. En fouillant le Net, un nouveau nom d’ancien combattant français est apparu : il avait édité un recueil à compte d’auteur où il évoquait l’usage d’armes chimiques.
C’est aussi grâce à la rencontre des derniers anciens combattants français qui acceptaient de s’exprimer publiquement, avec l’aide de Christophe Lafaye que ces hommes ont ouvert leurs archives, échappés à la censure. En Algérie, la réalisatrice est partie à la recherche des derniers témoins et victimes de cette guerre chimique.
Le périple les a amenés en Kabylie et dans les Aurès. Dans ce film, la réalisatrice tenait à appuyer les dires des Algériens et des Français et faire une démonstration par la preuve.