FAUT-IL RéINVENTER LE CONCEPT DE MAWAZINE ?

Chronique

Mohamed Nait Youssef

20 ans déjà. Une édition anniversaire. Pourtant… à oublier ? Samedi dernier, à Rabat et Salé, le rideau est tombé sur la 20ème édition du festival Mawazine Rythmes du Monde, après neuf jours de festivités, de soirées musicales nocturnes, tous styles confondus. Cependant, les critiques pointent du doigt une organisation « chaotique », une programmation parfois aléatoire de certains artistes, ainsi qu’une confusion visible dans la gestion des conférences et de certaines soirées. C’est l’heure du bilan.

Cette année, Mawazine a célébré ses 20 ans d’existence. Un bel âge. Hormis la belle énergie, l’ambiance électrique et la présence de quelques vedettes d’ici et d’ailleurs qui ont mis le feu sur les différentes scènes, cette édition a tout de même laissé un goût amer dans les bouches festivaliers. Un ‘’malaise’’ inédit dans l’histoire de l’un des plus grands rendez-vous musicaux, non seulement en Afrique, mais dans le monde entier. Dès les premiers jours, un climat étrange s’est installé, marqué par un grand désordre, notamment le manque de visibilité et de clarté dans la programmation, ainsi qu’une communication qualifiée de défaillante avec les journalistes.

Les manquements organisationnels majeurs se sont ensuite enchaînés : le non-respect des dates annoncées pour les conférences, l’annulation de certaines d’entre elles, la polémique autour de l’hologramme d’Abdelhalim Hafez lors de son concert avec sa famille, la technique du playback, et une programmation artistique jugée déséquilibrée, avec des mélanges d’artistes tels que des rappeurs, des artistes populaires et de la musique raï sur les mêmes scènes.

À cela s’ajoutent des problèmes d’organisation qui ne se sont pas limités à une simple communication toujours « défaillante » avec les médias, mais ont également concerné de nombreuses soirées, lesquelles manquaient de critères de qualité fondamentaux. L’artiste irakien Kadim Al-Saher a en fait été un exemple flagrant de ce ‘’gâchis’’, sa soirée ayant été entachée par une série de dysfonctionnements techniques et organisationnels lors de sa prestation. Un mauvais souvenir… à oublier.

Et ce n’est pas tout… la soirée de la chanteuse égyptienne Sherine Abdel Wahab, qui a clôturé cette édition sur la scène orientale Nahda, fut la plus polémique de l’événement, déclenchant une vague de critiques bien au-delà des frontières. Ce fut le point de rupture. L’artiste ayant eu recours à la technique du playback a attisé les polémiques dans les milieux artistiques et dans les réseaux sociaux, exacerbant encore l’opinion publique contre la gestion du festival. Pour plusieurs festivaliers, mélomanes et fans de la chanteuse, la soirée et, plus largement, le festival, s’est terminé sur une mauvaise note, samedi 28 juin.

La 20ème édition du festival Mawazine Rythmes du Monde est donc arrivée à sa fin. Il y a eu de l’émotion, des moments de joie musicale, une ambiance joviale… mais aussi du regret. Faut-il réinventer, ou même insuffler un sang nouveau dans les veines du festival pour qu’il retrouve son éclat ? L’année prochaine, nous verrons bien…

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2025-07-01T19:44:29Z