Organisée au jardin du Musée Villa Harris, ancienne résidence du journaliste britannique, à l’initiative de la Fondation nationale des musées (FNM), cette rencontre s’est déroulée en présence du traducteur de l’ouvrage, Hassan Zekri, ainsi que d’un parterre d’universitaires, de chercheurs et d’amateurs de l’histoire et de la culture de Tanger à l’époque de l’ère internationale.
Premier livre de Walter Harris, publié en 1889, soit deux ans après son installation au Maroc, cet ouvrage relate les périples de l’auteur à travers le Royaume, entre 1887 et 1889. De Tanger à Chefchaouen, en passant par Fès, les montagnes de l’Atlas et Marrakech, Harris y décrit avec un regard à la fois journalistique et littéraire les paysages, les populations et les dynamiques sociopolitiques du Maroc de l’époque.
Divisé en quatre parties, trois consacrées à ses voyages à Fès, Ouezzane, Chefchaouen et Marrakech, et une quatrième portant sur les traditions marocaines, l’ouvrage offre un tableau détaillé de la vie quotidienne, des festivités royales et du contexte politique du pays à la fin du XIXe siècle.
Dans une déclaration à la MAP, Hassan Zekri a souligné que ce texte se situe à la croisée de la littérature de voyage et du témoignage historique. Selon lui, "il s’agit d’un regard direct sur une période charnière de l’histoire marocaine, marquée par le règne du sultan Hassan Ier, alors que le Maroc faisait l’objet d’un vif intérêt de la part des puissances européennes".
Et d’ajouter que "Walter Harris met en lumière, dans ce livre, la richesse et la diversité de la société marocaine à cette époque, bien que son regard demeure imprégné d’un orientalisme teinté de supériorité".
Pour le traducteur, cette entreprise s’inscrit dans une démarche critique visant à "présenter au lectorat marocain des textes qui permettent de mieux comprendre la manière dont les élites occidentales percevaient le Maroc, préparant ainsi le terrain à l’ingérence étrangère".
De son côté, l’historien Khalid Tahtah a insisté sur l’importance de la traduction en arabe de ce type de sources étrangères, qui "éclairent des pans entiers de l’histoire du Maroc souvent absents des chroniques locales".
Il a estimé que le long séjour de Harris dans le Royaume lui a permis de développer une connaissance approfondie de la société marocaine, de ses villes et de ses réalités politiques.
Le chercheur Mohamed Bekkour a, pour sa part, mis en avant l’intérêt croissant pour les écrits de Walter Harris, qu’il considère comme des éléments clés dans la reconstitution de la mémoire de Tanger et du Maroc.
Il a rappelé que nombre de ses textes ont été rédigés dans les salons de sa demeure tangéroise, aujourd’hui connue sous le nom de Villa Harris, faisant de cette traduction un retour aux sources, susceptible de renforcer le lien entre les lecteurs marocains et leur patrimoine historique.