La 50e nuit des César a honoré la carrière de deux légendes du cinéma : l'Américaine Julia Roberts, ainsi que le réalisateur franco-grec Costa-Gavras. Le président de la Cinémathèque française a reçu son prix des mains de Karin Viard qui l'a présenté comme un « homme qui n’a jamais eu peur de défier les puissants. Quand vous travaillez avec lui, c’est un ami qui vous accueille à sa table », a-t-elle déclaré. Un hommage qu'elle a terminé en déclarant : « Merci Costa d’avoir prouvé qu’on pouvait faire du cinéma avec ferveur, esprit et impact. Parfois, pour changer le monde, il suffit d’un film. »
Le réalisateur de 92 ans prononcé quelques paroles engagées devant l'Olympia : « Je voudrais dire merci à la France, cette France accueillante, cette France humaniste, qui refuse toute la dictature et toute la haine. Cette France résistante, cette France solidaire, de tous et de tous les cinémas du monde et qui reçoit, chez nous, tous les films du monde. »
« Mais, cette France, j'ai une question à poser, a-t-il interpellé. Il y a à peu près deux semaines, un groupe cagoulé, bien organisé s'est attaqué à un groupe d'immigrés qui présentait un film, qui parlait de la dictature et d'injustice. C'était probablement à l'image de leur pays. Ils ont tabassé ces gens-là. La France peut-elle accepter de tels actes ? » a-t-il demandé avant de quitter la scène.
Ce César d'honneur n'est que le second pour le réalisateur de 92 ans. Ses premières nominations remontent à 1980, dans les catégories meilleur réalisateur et meilleur film pour Clair de Femme, l'adaptation du roman de Romain Gary dans laquelle il mettait en scène Romy Schneider et Yves Montand, qui avait été présenté à la Mostra de Venise l'année précédente. Il faudra attendre 2003 pour ses nominations suivantes, pour Amen, le film dénonçant l'inaction de Pie II durant la Seconde Guerre mondiale : Ulrich Tukur y incarne un officier de la SS qui cherche à avertir le Vatican de l'existence des camps de la mort et qui trouve écoute auprès de Ricardo Fontana (joué par Mathieu Kassovitz). Pour cette adaptation de la pièce de théâtre Le Vicaire, de l'écrivain allemand Rolf Hochhuth, le cinéaste franco-grec recevra le César du meilleur scénario, mais passera à côté du trophée de meilleur réalisateur et du meilleur film, qui seront attribués à Roman Polanski pour Le Pianiste.
En 2006 puis en 2020, Costa-Gavras a de nouveau été nommé dans la catégorie meilleure adaptation (depuis 2005, deux catégories séparent les scénarios originaux des adaptations) pour Le Coupereti, avec José Garcia (nommé dans la catégorie meilleur acteur), puis Adults in the Room, l'adaptation du roman éponyme de Yánis Varoufákis, ancien ministre grec des Finances, dans laquelle le réalisateur met à nouveau en scène Ulrich Tukur.
Costa-Gavras a transmis le gène du cinéma à ses trois enfants, Alexandre, Julie et Romain Gavras. Le premier est acteur, réalisateur et producteur (il a récemment produit Le Successeur, de Xavier Legrand, comme son film césarisé Jusqu'à la garde) ; la seconde est réalisatrice (La Faute à Fidel ! ou encore Trois fois 20 ans) et le troisième est réalisateur (Athéna, Notre jour viendra ou Le monde est à toi) et cofondateur du collectif Kourtrajmé (avec Vincent Cassel, Kim Chapiron et Toumani Sangaré).