MORT DE DAVID JOHANSEN : RETOUR EN IMAGES SUR LA VIE DU LEADER DES MYTHIQUES NEW YORK DOLLS

David Johansen, musicien punk révolutionnaire, est décédé vendredi, après avoir annoncé le 14 février qu'il souffrait d'un cancer en stade terminal, d'une tumeur au cerveau et d'une fracture du dos. Il avait 75 ans.

Celui qui s'était fait connaître comme chanteur des New York Dolls, groupe new-yorkais précurseur du mouvement punk, avait ensuite connu un certain succès dans les années 1980 et 1990 sous le nom de Buster Poindexter.

Sa fille Leah Hennessey annonçait sur Instagram qu'il était décédé le 28 février « paisiblement chez lui, tenant les mains de sa femme Mara Hennessey et de sa fille Leah, au soleil, entouré de musique et de fleurs. »

Dans un article paru en 2002 dans Vanity Fair, la critique musicale Lisa Robinson écrivait que « tout le monde ou presque s'accorde à considérer les concerts du mardi soir des New York Dolls au Mercer Arts Center comme l'acte de naissance de la scène rock new-yorkaise des années 1970. »

« Quand nous avons formé les Dolls, nous savions que nous tenions entre nos mains le meilleur groupe de rock’n’roll », expliquait David Johansen à Lisa Robinson lors d'une interview réalisée depuis l'appartement de ce dernier. Le groupe s'habillait « en talons compensés, lunettes de soleil, pantalons moulants à paillettes, chemises transparentes, salopettes en jean rose sous des kimonos de soie. »

« Quand les types des maisons de disques sont venus nous voir, au début, ils flairaient le bon coup », racontait-il. Quand on jouait, leurs femmes se saoulaient et se mettaient à danser et devenaient folles. Mais ensuite, ils se mettaient à penser leurs enfants, et là, ça les refroidissait un peu. »

« Au fond de nous, nous savions que nous étions les plus cools. On n'avait aucun problème de confiance en nous », déclarait-il en 1978 à Lisa Robinson. « Tout le monde parle de virtuosité, mais vous savez quoi ? Je viens de voir le documentaire Monterey Pop, et si vous regardez les Who ou Janis Joplin à l'époque, eh bien, nous sommes tout aussi bons musiciens qu'eux à l'époque. »

Dans une interview accordée à Vanity Fair en 2011 pour évoquer la tournée de reformation du groupe, David Johansen revenait sur les conflits qui ont émaillé la vie du groupe : « On n'a jamais fait semblant d'être des bagarreurs, c'est juste un reflet de ce qui se passait dans notre vie du Lower East Side. »

«Mais quand on a commencé à jouer dans tout le pays, qu'on a quitté notre coin de St. Marks et Second, on n'a rien compris à ce qui nous arrivait. On vivait dans une bulle bohème, on était protégés, et là, on se retrouvait plongés dans le grand monde. »

Dans les années 1980, il invente le personnage de Buster Poindexter, sorte de crooner désabusé. Quelques fans tournent les talons, mais pour lui, c'est surtout un moyen d'évoluer, d'aller au-delà de la musique très frontale et brute de décoffrage des Dolls. « J'avais envie de chanter des chansons de jump-blues, alors j'ai réservé une salle quatre lundis de suite pour monter un petit spectacle de cabaret, et c'est comme ça que Buster est né » expliquait-il à Vanity Fair en 2011.

« Ça m'a donné une opportunité de chanter des chansons que je n'osais pas chanter, parce que quand je joue en tant que David Johansen, les gens s'attendent à un certain type de répertoire, ça me libère. Et puis je me suis mis à raconter des blagues entre les chansons pour graisser les rouages. »

Juste avant sa mort, Johansen avait pris la plume sur les réseaux sociaux pour s'émouvoir du climat politique des États-Unis après la deuxième élection de Donald Trump, « quand on refuse de s'intéresser à la politique, le résultat c'est qu'on fini par être gouvernés par des bouffons nazis délirants. Lorsque Vanity Fair lui avait demandé si avec l'âge il était devenu conservateur, sa réponse laissait entendre que ce qui avait surtout changé chez lui, c'était que désormais il prenait soin de lui.

« En vieillissant, on a un esprit plus apaisé », se confiait-il en 2011. « Je ne dis pas que je suis totalement sain d'esprit aujourd'hui, mais je prends certainement plus soin de moi. Quand on est jeune, on se sent indestructible, on ne songe même pas à la possibilité de la mort, mais avec le temps, on se rend à l'évidence : si on veut continuer à vivre, il vaut mieux arrêter ceci ou cela. »

Initialement publié par Vanity Fair US

2025-03-14T06:42:05Z