CHRIS HEMSWORTH, DES HOMMES ET DES DIEUX

Chris Hemsworth chevauche sa monture, les rênes dans une main, le visage illuminé par le soleil australien. Nous sommes sur une étendue de plage immaculée, non loin de sa maison. Notre dernier galop m’a prise par surprise, mes pieds battant sauvagement hors de leurs étriers, et Hemsworth veut s’assurer que tout va bien. Il me suggère de diriger mon cheval vers le Pacifique si je n’arrive pas à le stopper. Une vignette galante qui illustre à merveille la place de Chris Hemsworth dans l’imaginaire de la pop culture : le héros au teint hâlé et aux reins solides. Le meilleur est pourtant à chercher sous cette surface sans aspérité : sa personnalité, drôle, foutraque et profondément humaine. De cette matinée tumultueuse sur la plage, il dira plus tard : « À un moment donné, je me suis, “Ah ouais, elle pourrait tomber et je la rattraperais. Ce serait pas mal pour l’article.” Puis aussitôt après, je me suis dit : “Non, c’est toi qui vas tomber, et c’est elle qui devra te rattraper.” »

Hemsworth et sa famille vivent à Byron Bay, une petite ville où le surf est roi, juste au sud de la Gold Coast australienne : les hommes y entrent pieds nus dans de bons restaurants, les femmes y portent de longs cheveux blondis par le soleil, et même les anciens y ont une allure juvénile. Tout le monde est beau, en bonne santé, et boit des jus verts ; on pourrait facilement s’y sentir comme un chien dans un jeu de quilles, si ses habitants n’étaient pas aussi chaleureux et adorables. Quand j’explique à la réceptionniste de mon hôtel que je suis en ville pour rencontrer Hemsworth, elle sourit d’un air approbateur. « Il est des nôtres, dit-elle. Il est comme tous les autres surfeurs de la plage. Il n’a pas la grosse tête, il ne se donne pas des airs. D’ailleurs il ressemble au frère de ma copine. »

Lorsque je le retrouve chez lui, il m’attend dans l’allée, ses pieds nus immunisés contre le sol brûlant. Nous avons l’après-midi pour nous, il devra ensuite aller chercher ses trois enfants à l’école. En personne, le plus saisissant chez l’acteur n’est pas sa taille impressionnante, ni son bronzage de surfeur, ni même le bleu translucide de ses yeux, qui a électrisé l’univers Marvel pendant plus d’une décennie. C’est son absence totale d’affectation. Rien de mielleux, d’impatient ou de calculé chez cet homme. Cecily Strong, l’une des comédiennes du Saturday Night Live, a dit un jour que Chris Hemsworth avait été son invité préféré sur l’émission, car personne n’avait imaginé que Thor soit en fait « le grand gaillard cool qui peut très bien traîner avec les jeunes gays du club théâtre ».

Sa maison est pleine de vie. Avec son épouse depuis 14 ans, l’actrice espagnole Elsa Pataky, ils sont les parents d’une fille de 11 ans et de deux garçons de 9 ans. La famille compte également un énorme aquarium, trois chiens, des lapins, des cochons d’Inde, des poules et des ânes, et bien sûr les chevaux, qui séjournent dans leur ferme non loin. Collée sur la porte de l’ancienne salle de dessin des enfants, une feuille sur laquelle on peut lire le mot « REPTIEL », écrit au Magic Marker d’une main d’enfant : c’est là désormais que demeurent un iguane, un axolotl et un serpent répondant au doux nom de Shoelace. India, leur fille, garde aussi des oiseaux dans le grand balcon fermé de sa chambre. L’un d’entre eux aime à se poser sur son épaule quand elle est dans le canapé. Un chat se balade également dans la propriété, une surprise de sa famille pour l’acteur. Chris n’est pas exactement amateur de chats, mais encore moins du genre à forcer ses enfants à se défaire d’une créature une fois qu’ils en sont tombés amoureux.

La famille a emménagé à Byron Bay en 2015 pour se rapprocher des parents de l’acteur, qui vivent juste en haut de la colline, mais aussi pour échapper à la folie hollywoodienne, que Hemsworth résume comme suit : « J’en ai marre de voir ma tronche. Mais attends, pourquoi elle est pas sur ce panneau d’affichage ? Je suis trop célèbre. Pourquoi y a des paparazzis ici ? Mais attends, pourquoi y a pas de paparazzi ? » Il marque une pause. « Alors, tu veux quoi au juste, Chris ? » Il se dit enclin à cette oscillation permanente et toxique entre l’envie et la culpabilité, qui le fatigue énormément. Et avant tout, de lui-même.

C’est peut-être le plus surprenant chez Hemsworth : sous sa dégaine de beau gosse se cache un homme profondément réfléchi, ambivalent et complexe. Nous parlons pendant des heures au bord de sa piscine, qui surplombe la plage, deux de ses chiens endormis à nos pieds. Tandis qu’il pèse avec soin chacune de ses réponses, il triture les callosités de ses mains comme d’autres leur komboloï. À 40 ans, il se sent à la croisée des chemins, en plein questionnement sur la manière de mener sa vie et sur ce qu’il peut ou non contrôler, ce sur quoi il a vraiment les rênes. Les carrières ont ça en commun avec les chevaux.

Ce mois-ci, Hemsworth est à l’affiche de Furiosa : une saga Mad Max de George Miller, le très attendu préquel de Fury Road, triomphe public et critique en 2015, dont l’action se situe sur les mêmes terres désertiques et désolées. Anya Taylor-Joy incarne le rôle-titre, lui joue Dementus, le charismatique leader d’une horde de bikers. Il s’est à tel point effacé derrière le personnage – une prothèse lui fait un nez aquilin et des verres de contact marron l’éloignent plus encore de son image Marvel – que ses propres amis ne l’ont pas reconnu en découvrant la bande-annonce. Son Dementus, malgré sa verve insolente, est un homme brisé par la privation et le deuil, son âme est de cendre et il ne vénère qu’un seul dieu, celui de la survie. L’acteur confesse que c’est son rôle préféré depuis celui qu’il jouait dans Rush, le film sur le sport automobile réalisé en 2013 par Ron Howard. « Ron m’a sorti du stéréotype de l’homme d’action musclé et m’a laissé jouer un personnage avec des nuances, une certaine noirceur. À l’époque, je me souviens, je pensais que ça allait tout changer. » Il lui faudra pourtant attendre dix ans, et sa rencontre avec Miller, pour connaître à nouveau un rôle aussi enrichissant. « Oui, souffle Hemsworth, l’attente a été longue. »

Après une année à la maison, à reprendre son souffle et à soigner une blessure au dos, Hemsworth a très envie de quitter le banc de touche. « Un côté de mon cerveau me dit : “Tu as trop glandé, le train est parti sans toi.” L’autre, le plus rationnel, me dit : “Tu as aussi refusé beaucoup de choses, des gros films d’action sans scénario solide.” » Il a aussi envie d’une certaine immobilité, de s’extraire un peu du cinéma d’action et d’être pris au sérieux par des réalisateurs comme Christopher Nolan, Kathryn Bigelow, Greta Gerwig, Martin Scorsese et Steven Spielberg. Il a toutefois le sentiment de devoir au public un ultime Thor pour faire oublier la débandade Thor : Love & Thunder. Il veut s’autoriser à prendre son métier plus au sérieux, sans pour autant devenir « un branleur prétentieux et imbu de sa personne ». Et surtout, surtout il veut que l’on sache une bonne fois pour toutes que, non, il n’est pas atteint de la maladie d’Alzheimer et n’a pas quitté le métier.

Hemsworth a une prédisposition génétique à la maladie d’Alzheimer, et la façon dont les médias ont déformé cette information l’a consterné : «J’ai eu beau dire que ce n’était en aucun cas une condamnation à mort, l’histoire a fini par dire que j’étais atteint de démence précoce, que je faisais le point sur ma vie, que je prenais ma retraite, etc. »

Il y a deux ans, dans le cadre de la série documentaire Sans limites pour la chaîne National Geographic [disponible en France sur Disney+], Hemsworth a subi un test génétique qui le révélait porteur des deux copies du gène ApoE4, le gène dit de l’Alzheimer. Cette nouvelle surprenante – qui n’est pas un diagnostic, mais un simple marqueur de risque, que l’une de mes filles partage d’ailleurs – a coïncidé avec un congé planifié de longue date, et certains médias ont eu tôt fait d’y voir une corrélation. « Ça m’a vraiment saoulé, j’avais le sentiment de m’être montré vulnérable et d’avoir partagé quelque chose de très personnel. J’ai eu beau dire que ce n’était en aucun cas une condamnation à mort, l’histoire a fini par dire que j’étais atteint de démence précoce, que je faisais le point sur ma vie, que je prenais ma retraite, etc. » Son visage se détend et redevient vite souriant, car c’est ainsi qu’il a été élevé, au sein d’une famille très consciente de la fragilité de la vie, où l’on sait qu’il vaut mieux ne pas prendre les choses trop au sérieux. « J’ai quand même lu un commentaire très drôle au bas d’un article : “J’espère que Chris va oublier qu’il prend sa retraite et qu’il reviendra vite.” »

Lorsque le fils de Leonie Hemsworth part tenter sa chance à Los Angeles en 2007, à l’âge de 23 ans, elle lui offre un exemplaire du classique du Dr Seuss, Oh, the Places You’ll Go! et lui dit : « Fais tes valises et file. Si ça ne marche pas, tu sais que notre canapé sera toujours là. »

Chris rampait à quatre mois et demi, faisait ses premiers pas à dix mois et demi, et insistait, à deux ans et demi, sur le fait qu’il savait nager. Dans un petit discours écrit pour le 40e anniversaire de son fils, qu’elle a eu la gentillesse de m’envoyer, elle écrivait : « Il faisait peur à tout le monde, on aurait dit qu’il allait se noyer. Il nageait un peu à la manière d’une loutre bizarre, en remontant à la surface entre deux épisodes de noyade, mais refusait que quiconque ne lui vienne en aide. Il devait faire ça tout seul. » C’est peut-être cette ténacité, le vrai super pouvoir de Hemsworth – même si vu du rivage, il peut passer pour une malédiction.

Lorsqu’ils n’étaient pas en train de capturer des varans ou de pagayer à la recherche de la vague, les trois fils Hemsworth – il y a Luke, l’aîné, et Liam, devenu entre temps la star de Hunger Games – ont grandi en regardant en boucle des films tels que Légendes d’automne. « On n’a jamais vu plus bel homme à l’écran », dit encore aujourd’hui Hemsworth de Tristan Ludlow, le rancher torturé joué par Brad Pitt. Quand il a revu le film avec sa femme, alors qu’elle était enceinte des jumeaux, il lui a dit : « C’est pas le personnage le plus cool du monde, ça ? L’un de nos fils devrait s’appeler Tristan. » Leur autre fils, Sasha, porte le nom d’un ami cascadeur.

C’est pour ressembler au Pitt de Légendes, au Patrick Swayze de Point Break ou au Robert De Niro de Heat que Chris a voulu devenir acteur. Son frère Luke a décroché un petit rôle dans une série télé et ça avait l’air fun. « Puis c’est devenu une véritable obsession », confesse-t-il. Avant de partir pour les États-Unis, il végète trois ans dans un soap australien, où il joue les beaux gosses aux gros bras. « J’avais vraiment l’impression qu’on me mettait dans un coin, puis qu’on me disait : “OK, enlève ta chemise et mets-toi là, et maintenant tu travailles à la salle de sport, et là, maintenant, tu travailles dans un bar.” »

C’est donc un inconnu de 25 ans qui décroche le rôle de Thor, l’un des plus beaux cadeaux de sa vie. Leonie a d’ailleurs reçu un message de la costumière du premier film : de tous les acteurs qui ont passé des essais pour le rôle, seuls Chris et son jeune frère Liam ont bien rangé leurs costumes à la fin. « Je n’ai pas pu m’empêcher de rire, me confie la maman. On ne peut pas dire qu’ils en faisaient autant à la maison ! »

Même s’il est reconnaissant pour cette opportunité unique, Hemsworth a connu la frustration en jouant le défenseur d’Asgard. « Parfois, j’avais vraiment l’impression d’être le garde du corps de l’équipe. Je lisais les répliques des autres et je me disais : “Oh, ils disent des trucs bien plus cool. Ils s’amusent plus. Mon personnage, il fait quoi ?” C’était toujours : “OK, tu as la perruque. Tu as les muscles. Tu as le costume. Où est la lumière ?” Oui, je fais partie de cet énorme projet, mais je suis probablement tout à fait remplaçable. »

Son ami et partenaire à l’écran Robert Downey Jr. ne l’entend pas de cette oreille : « Déjà, adapter le personnage de Thor était très délicat – avec beaucoup de limitations implicites –, mais Ken Branagh et lui ont réussi à le transcender, à le rendre à la fois accessible et divin. De mon point de vue, Hemsworth a la psyché la plus complexe de tous les Avengers. Il a de l’esprit et de la gravité, mais aussi une grande retenue, de la passion et de la douceur. »

Lorsque Taika Waititi rejoint l’aventure pour réaliser Thor : Ragnarok en 2017, comme la mégastar, il a très envie de s’amuser un peu avec le personnage de Thor. Les deux hommes décident de changer de ton, en laissant Hemsworth puiser dans son talent comique naturel pour inventer un dieu du tonnerre ventripotent, avachi, brisé par un chagrin d’amour. Cate Blanchett, sa compatriote australienne et partenaire dans Ragnarok, l’a immédiatement adoré : « J’ai rencontré Chris pour la première fois sur le tournage : il venait vers moi au volant d’une voiturette de golf, ses mèches de Thor au vent, avec un immense sourire de bienvenue. On m’avait dit qu’il était sympa, et c’est vrai qu’il est gentil, et très drôle, et aussi bosseur et scrupuleux qu’il est beau, mais je ne savais pas que c’était un tel pitre. Il fait tout le temps l’andouille. Et sur le plateau, il donne le ton : tout le monde est important. Tout le monde est le bienvenu. Je l’adore et je l’admire profondément. »

Pour Downey, le travail de Hemsworth sur Ragnarok, Infinity War et Endgame constitue un « formidable hat trick ». Puis est arrivé Love & Thunder, que Chris ne s’est toujours pas pardonné. « Je me suis laissé emporter, je suis tombé dans le panneau de l’impro et de la loufoquerie, et je suis devenu une parodie de moi-même. J’ai foiré mon atterrissage. »

Vingt-sept films, dont huit blockbusters Marvel, en un peu plus d’une douzaine d’années. Un dos en compote et un cerveau en surrégime. Trop angoissé pour refuser les grands rôles qu’on lui proposait, persuadé qu’on ne lui offrirait jamais de mélo, de grande histoire d’amour ou de comédie romantique (« Vous vous souvenez de Hugh Grant dans Notting Hill ? demande-t-il. J’ai pas vu de film comme ça depuis des années »). « Je me suis agité pendant si longtemps pour faire en sorte que les choses existent, par obsession, j’avais tellement envie de me bâtir une carrière, et j’étais tout simplement épuisé », dit-il en contemplant les vagues sur lesquelles il cherchera plus tard le réconfort, le surf restant le meilleur remède contre les montagnes russes de son esprit. « J’étais inquiet pour tout. Rien n’était aussi agréable qu’avant, ou que je l’avais imaginé. J’ai enchaîné les films et les tournées promo, je me suis marié et j’ai eu trois enfants, et tout ça en même temps, durant un laps de temps très court. » Il pose son pied nu sur le ventre de son chien Sunny. « C’est en quelque sorte comme si tu fonçais tête baissée, comme si tu roulais toujours à plein régime, et puis un jour tu arrives sur un projet et tu n’as plus grand chose dans le réservoir, et là tu commences à tout décortiquer. Pourquoi je fais ce film ? Pourquoi ce scénario n’est pas meilleur ? Pourquoi tel réalisateur ne m’a pas rappelé, pourquoi j’ai pas été retenu pour ce rôle ? Pourquoi Scorsese ou Tarantino ne m’appellent-ils pas ? Je commençais à prendre tout ça trop à cœur, trop personnellement. »

Sa famille le sait, sa façon de penser peut le torturer. « Son esprit est un cristal, mais il peut aussi se faire prison », explique Luke, dont on se souvient de l’apparition hilarante en Thor de pacotille, aux côtés d’un faux Loki joué par Matt Damon, dans une pièce de théâtre parodique jouée à Asgard dans Ragnarok. « Il peut être très concentré sur lui-même et faire preuve d’autocritique. Il est vraiment flippé à l’idée de prendre une décision. Et facilement partir en vrille, aucun doute là-dessus. » Luke glousse quand je lui dis que son frère m’a donné un exemplaire bien usé du livre de développement personnel de Michael Alan Singer, L’Âme délivrée, et ne peut s’empêcher de lui glisser un petit tacle fraternel : « Je ne sais même pas s’il l’a déjà lu ou s’il s’est juste contenté de regarder les images. »

À l’époque, Hemsworth se retrouve piégé dans le tunnel de l’ego. « Ma mère venait prendre un café et devait claquer des doigts en disant : “Chris, tu es où, là ? Un effort, je suis là.” Le brouhaha dans ma tête avait atteint une telle intensité… et puis ce sentiment de culpabilité, chaque fois que je quittais un dîner avec mes parents ou des amis, genre : “Mon Dieu, je n’étais même pas vraiment là. J’ai juste passé mon temps à bitcher et à me plaindre.” Il y a une dimension totalement narcissique. Combien d’années allons-nous encore avoir cette conversation ? Ferme-la, Chris. »

Luke est assez doué pour remettre les pieds sur terre à son petit frère. « Il y a quelques principes de base que j’aime lui rappeler. Par exemple, quand on assiste à des avant-premières, ou qu’on fait des tournées promo, qu’on se retrouve dans des hôtels à siffler des martinis dans des pianos-bars de renommée mondiale, je le regarde et je lui dis : “On est pas bien, là ?” Juste pour lui rappeler qu’il ne devrait pas oublier d’en profiter, lui entre tous les autres. On vient de la classe ouvrière, on a tous travaillé dès notre plus jeune âge, alors avoir cette liberté, pouvoir découvrir tous ces beaux endroits, c’est extraordinaire. Un autre truc que j’aime lui rappeler, c’est que quand il y a plus de mauvais moments que de bons, c’est qu’il est peut-être temps de faire autre chose. »

En 2015, Hemsworth voit Fury Road au cinéma avec sa femme à Londres, où il tourne un film des Avengers. C’est un choc. « En sortant, j’ai tout de suite appelé mon agent. Ça faisait des années que je n’avais pas pu m’immerger complètement dans un film, comme un fan. Je connais les coulisses, la magie s’est évaporée. Mais là, c’était la première fois depuis des années que j’étais à fond, à 100 % dans l’expérience, en vrai fan. » Il demande à son agent de lui obtenir un rendez-vous avec George Miller.

Six mois plus tard, Miller le reçoit à Sydney par courtoisie. Il a déjà plusieurs acteurs en tête pour Furiosa. « En ce qui concerne le rôle de Dementus, j’étais à mille lieux de lui », explique le cinéaste. Les deux hommes discutent pendant des heures, de psychologie, de philosophie, et des troubles de la personnalité qui font qu’un méchant devient, plus encore que dangereux, intriguant. « Ce qui m’a surpris, c’est la profondeur de sa vision du travail, du monde en général et de lui-même, et ça s’est fait très simplement, au cours de la conversation. J’ai compris que c’était un type beaucoup plus complexe et réfléchi que ce que j’avais imaginé. » Le rôle est pour lui, même s’ils ont tous deux d’autres films à tourner au préalable.

Chris Hemsworth est quasiment estropié lorsqu’il achève le tournage de Tyler Rake 2, une grosse machine Netflix dans laquelle il joue un mercenaire mélancolique qui distribue des mandales à tour de bras à d’affreux méchants. Miller redoute déjà que l’acteur ne soit pas opérationnel pour les huit semaines de répétition prévues. De son côté, Hemsworth espère se faire opérer du dos en douce, sans le dire à personne, mais le temps lui manque. Son coach – et meilleur ami depuis qu’ils ont six ans – lui demande comment il allait faire pour tenir le coup. « J’ai répondu que je n’avais pas le choix. Et dès que je suis arrivé aux répétitions, tout s’est mis en place. J’étais comme revigoré. Souffrir sans but, c’est atroce. Souffrir avec un but peut au contraire te revigorer et te régénérer. Je ne me supportais plus, et là, j’allais justement devoir disparaître derrière un personnage. »

Miller encourage son acteur à lire des livres comme Comment devenir dictateur de Frank Dikötter et à tenir une sorte de journal de Dementus. « Je n’avais jamais fait ça auparavant. J’ai toujours pensé que je n’en avais pas besoin, ça me paraissait un peu ridicule. C’était se prendre trop au sérieux. Mais je pense qu’en adoptant cette attitude, je suis passé à côté de l’occasion de créer des personnages plus fouillés. » Pour Furiosa, il a travaillé pour trouver cet accent du milieu du XXe siècle, de la génération de son grand-père, qui plaît tant à Miller. Ensemble, ils sont allés chercher au plus profond du personnage, ce qui fait l’humanité de Dementus. « C’était vraiment, vraiment bizarre d’arriver sur le plateau durant plusieurs mois et de s’habituer à Dementus, raconte Miller. Lorsque j’ai revu Chris plusieurs mois plus tard, mon premier réflexe a été : “Attendez un peu, ce type n’est pas Chris Hemsworth, c’est un imposteur !” »

Si Fury Road est une incontestable réussite, son tournage aura été notoirement difficile, parasité par des changements de lieu de tournage de dernière minute, des retards dus aux intempéries, et l’animosité entre Charlize Theron et Tom Hardy. Selon Miller, celui de Furiosa a été tout le contraire, et la présence apaisante et constante d’Hemsworth n’y est pas pour rien. « Chaque fois qu’il y avait un problème de météo, il était quand même là, sur le plateau. Il a entraîné toute l’équipe autour de lui. » Pour jouer les membres de la horde de Dementus, Miller a fait appel à d’anciens détenus qui avaient fait du théâtre en prison. « C’était un groupe de personnalités merveilleusement éclectique, et je suis devenu très proche de ma petite bande », se souvient Chris, qui les a tous invités à passer un week-end chez lui, à Byron Bay, pendant le tournage.

Furiosa a été une expérience si enrichissante qu’il n’est guère surprenant que Hemsworth soit tendu. Et maintenant ? Il tâche d’embrasser son « âme délivrée », mais pour ça, il doit aller contre sa nature. Dans sa boîte de réception, deux scénarios attendent d’être lus : une comédie musicale et une comédie romantique. Il a récemment croisé Baz Luhrmann et lui a lancé : « Quand est-ce qu’on travaille ensemble ? » Il va tourner une deuxième saison de Sans limites avec son producteur, Darren Aronofsky, et garde l’espoir d’une collaboration avec lui au cinéma. « Je n’arrête pas de le lui rappeler, dit-il en riant. “Tu te souviens de notre première rencontre ? Je t’ai dit que je faisais l’émission si on faisait un film ensemble.” » Aronofsky serait en train de développer deux projets potentiels pour lui, une comédie noire et un film de science-fiction. « Chris est très, très doué, précise Aronofsky. Il a su se montrer très vulnérable dans Sans limites. Il s’agissait bien sûr d’être lui-même, mais on a pu voir qu’il a beaucoup de choses en lui. Son registre est immense qu’il commence tout juste à partager. »

Surtout, surtout, Hemsworth adorerait faire un film avec Brad Pitt. Après deux décennies de carrière, il a fini par rencontrer son idole à l’écran, lors de l’after-party de la première de Once Upon a Time… in Hollywood. « J’étais un peu planqué dans un coin, raconte-t-il. Mon agent est passé et m’a dit : “Tu as déjà rencontré Brad ?” J’ai répondu : “Oh, il ne veut pas me rencontrer”, et il m’a dit : “Mais si, il veut te rencontrer, viens dire bonjour !” » Quand Brad m’a tendu la main, tout à ma joie, j’étais déjà parti pour un hug. » Il s’interrompt pour rire d’un air gêné. « Heureusement, Brad a accepté et on a bien rigolé. On a beaucoup parlé de motos, parce que mon père faisait des courses. »

On demande toujours aux femmes ce que ça fait d’avoir 40 ans à Hollywood, rarement aux hommes. Je pose la question à Hemsworth. « Pour la première fois de ma carrière, je me suis dit : “Merde, combien d’années il me reste à faire ça ? Hier, j’ai dressé une liste de films avec mon partenaire de production, une sorte de liste de souhaits, et je me suis dit : “Bon, ça fait six films. Ça pourrait être la prochaine décennie. Ça pourrait être le bout. Qui sait où j’en serai à ce moment-là ? ».

Hemsworth est retourné vivre en Australie pour échapper à la schizophrénie hollywoodienne : «J’en ai marre de voir ma tronche. Attends, pourquoi elle est pas sur l’affiche ? Pourquoi y a des paparazzis partout ? Attends, pourquoi y a pas de paparazzi ?»

Récemment, plusieurs Avengers se sont réunis au nom de l’amour, pour le mariage de Chris Evans à Boston. Hemsworth est venu accompagné de sa mère – pour Downey, elle est « à hurler de rire. Il y a beaucoup d’elle en lui. » Hemsworth n’avait pas revu Jeremy Renner depuis son accident de chasse-neige qui a frappé de plein fouet le groupe de discussion des Avengers. « Il nous a envoyé à tous une photo de l’hôpital, il était un sale état, accompagnée des mots : “Tout va bien, les gars.” Puis je n’ai plus eu de nouvelles de lui pendant un certain temps, quand il était dans le dur. » Lors du mariage, la bande s’est ralliée autour de leur copain revenu d’entre les morts. « S’il y a une caractéristique dont nous sommes tous d’accord pour dire qu’elle est primordiale, déclare Downey à propos de leur équipe, c’est la résilience. Voir Renner l’incarner littéralement, dans le contexte de ce qui était essentiellement un mariage américano-portugais, c’était bluffant. Complètement rétabli et prêt à faire la fête. Alors, oui, les miracles, ça existe. »

« On sentait une immense gratitude dans l’assemblée, tout autour, pour le simple qu’il soit là, bien en vie », ajoute Hemsworth. Ce sentiment, il s’y accroche fermement, plus encore aujourd’hui.

Son père est le héros de Chris Hemsworth. Il le voit comme un véritable lion. C’est d’ailleurs lui qui l’a accompagné à la première de son tout premier film, Star Trek, en 2009 : « Je n’avais que trois ou quatre répliques. À la fin, il s’est approché de moi, m’a déposé un baiser sur le sommet du crâne et m’a pris dans ses bras, il m’a dit à plusieurs reprises à quel point il était fier de moi. Dans mes moments de doute, je les vois, lui et ma mère, et je me dis, OK, je dois être sur la bonne voie. »

Craig Hemsworth a travaillé toute sa vie pour les services sociaux, spécialisé dans les cas de maltraitance envers les enfants. « J’ai vu à quel point ça a pu le marquer. Son job était d’établir si tel environnement était sûr ou non pour un enfant, et quand ce n’était pas le cas, imaginez les répercussions pour cet enfant, ces parents et cette famille. Et quand il empêchait que quelque chose de grave ne se produise dans un cas, il y en avait toujours un autre. » Hemsworth se laisse surprendre par les sanglots qui lui montent à la gorge en parlant de ça, et il fait une pause jusqu’à ce qu’il se reprenne. « J’espère que ça résume l’homme extraordinaire qu’il est. C’est la personne la plus généreuse que vous puissiez rencontrer, toujours là pour tout le monde... » Il s’éclaircit la gorge et s’accorde encore un moment.

Hemsworth se souvient d’un épisode, lorsqu’il était enfant. Il était allé au parc du coin avec son père et ils étaient tombés sur des ados turbulents qui cassaient des bouteilles sur l’aire de jeu. Son père s’est approché d’eux et leur a demandé de nettoyer. Le petit Chris observe avec une anxiété croissante le refus des garçons. « Je me souviens que mon père leur a dit avec fermeté : “Mon fils a eu six points de suture au pied la semaine dernière parce qu’il s’est coupé sur un tesson de bouteille. Ne me contrariez pas sur ce coup-là, les gars. Au boulot.” Et ils s’y sont mis. Ils ont ramassé le verre ! Je me souviens, là j’ai su que c’est cette personne qu’il fallait devenir, mais que je manquais de confiance en moi, j’essayais de tenir tête aux gens, mais j’avais une peur bleue, et ça me contrariait, parce que mon père n’aurait pas eu peur, lui, vous voyez ? Il ne m’a jamais imposé ça, jamais, mais avoir un tel modèle était à la fois une source d’inspiration et une source d’intimidation. »

Luke me raconte que son frère et lui aiment emmener leur famille surfer à la plage populaire de Wategos, située à proximité, les vagues y conviennent bien pour les enfants et les débutants. Mais ces derniers temps, les frères ont remarqué que certains surfeurs expérimentés pouvaient se montrer égoïstes et s’en prendre aux gamins qui les empêchaient d’attraper leur précieuse vague parfaite. Les fils Hemsworth ont appris à surfer avec leur père à Phillip Island, dans l’État de Victoria, et pendant les vacances à Mallacoota, où les anciens faisaient preuve du véritable esprit aloha. « Quand on sortait de l’eau, ils t’encourageaient : “Vas-y, Grommet, vas-y ! Allez !” Aujourd’hui, tu as plein de surfeurs ici qui sont imbuvables avec les gosses. Chris ne supporte pas l’intimidation, quand il voit des adultes dangereux ou méchants avec des petits, il n’hésite pas à leur parler calmement. Ou moins calmement. »

«On m’avait dit qu’il était sympa, et c’est vrai qu’il est gentil, et très drôle, et aussi bosseur et scrupuleux qu’il est beau, mais je ne savais pas que c’était un vrai pitre.»

Cate Blanchett

Plus tard, Chris m’explique pourquoi il a été si ému en parlant de son père. Après Sans limites et la découverte de ses propres copies du gène ApoE4, toute la famille a subi des tests génétiques. Son père est également porteur du gène, tout comme l’était son grand-père, décédé l’année dernière après une longue bataille contre la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, Craig commence à faire face aux premiers signes de la maladie. « Je sais que mon père est en train d’accepter le fait qu’il n’est plus l’homme grand et fort qui a toutes les réponses, vers lequel tout le monde se tourne pour connaître le chemin », dit Hemsworth. Il secoue la tête, s’interrogeant à voix haute sur la meilleure façon d’honorer celui qu’a été son père et celui qu’il est en train de devenir sous ses yeux. « Il est plus un observateur qu’un leader désormais. C’est un rappel pour moi, car ce sont exactement les qualités dont j’ai besoin : le calme, l’observation, l’absorption, le respect du moment présent. »

Les parents de Hemsworth sont venus dîner chez lui après notre entrevue au bord de la piscine. Ils ont parlé de l’avenir, me dit-il : du temps qu’il reste à vivre, de l’inévitable transition à laquelle toutes les familles sont confrontées lorsque les rôles s’inversent entre les générations. « On ne veut pas voir souffrir ceux que l’on aime, mais tout ce sur quoi on peut se concentrer, c’est notre attitude et façon de voir les choses. Je ressens beaucoup de nostalgie quand je vois nos vies changer. Mais je ne contemple pas ça en me disant : “Oh non, le temps passe, quelle tragédie !” Je me dis : “Allez, on avance !” On s’implique, on reste présents. Ne te laisse plus piéger par toutes les bêtises auxquelles tu as consacré une trop grande partie de ta vie d’adulte. Pouvoir aimer si profondément et être aimé est un tel cadeau. C’est pour ça que nous sommes là, sinon quoi d’autre ? »

Dans le salon familial, une grande photographie en noir et blanc signée David Yarrow représentant un lion est accrochée au-dessus de la cheminée. L’animal est capturé en plein saut, comme prêt à embrasser farouchement ce qui l’attend. Je demande à Hemsworth si cette photo est un hommage à son père et à son cœur de lion. « Je n’y avais jamais pensé, répond-il, mais désormais elle me fera penser à lui. »

Chris Hemsworth n’a jamais fait de cheval sur la plage locale. Sa femme comme sa fille, toutes deux cavalières émérites, trouvent cette lacune impardonnable. Maman et papa décident donc de laisser India sécher l’école le lendemain matin. Je retrouverai Chris chez eux, et India et sa mère se rendront séparément à la plage avec les chevaux. Nous fixons une heure, mais dans la matinée, Hemsworth envoie un texto pour me demander si cela ne me dérangerait pas d’arriver un peu plus tard que prévu. « Je suis un peu en retard, je dois déposer les petits à l’école... » Lorsque j’arrive, trois petits garçons que je ne reconnais pas sont en train de chahuter avec un marteau de Thor dans la cuisine, tandis que leur petit frère, assis sur le plancher et visiblement ravi, contemple son acteur préféré. Ce dernier me présente l’équipe comme ses nouveaux amis en visite pour les vacances. Leur mère, un air d’immense gratitude sur le visage, le corrige : « Meilleurs amis ».

Pendant le trajet jusqu’à la plage, Hemsworth m’explique que ses invités étaient en ville dans le cadre d’un voyage de la Fondation Starlight pour l’enfance : le garçonnet rêvait de rencontrer Thor. Il y a deux jours, Hemsworth a passé l’après-midi avec les quatre frères, à nager et à jouer. Une fois la famille rentrée à l’hôtel, le petit garçon a remarqué que l’autographe de l’acteur sur son nouveau marteau de Thor avait été effacé. Comme leur vol de retour a été retardé, la maman a demandé s’ils pouvaient passer à la maison pour que Hemsworth signe à nouveau le jouet. Il avait peur que je pense qu’il avait mis en scène l’épisode pour se faire mousser, et a essayé de faire en sorte que je n’y assiste pas.

Au bord de la plage, je rencontre sa femme, Elsa Pataky, les yeux pétillants et adorables, heureuse d’apprendre que j’ai fait du cheval dans mon enfance, tout comme India, dont le prénom est un clin d’œil à Indiana Jones. « Indy est la meilleure cavalière de la famille, dit Hemsworth. Même quand elle tombe, elle est plus en colère qu’effrayée : remettez-moi en selle illico ! »

Quand India avait cinq ans, elle voulait désespérément être un dragon, raconte Hemsworth : « Elle est venue me voir un soir avec de petites larmes dans les yeux et m’a dit : “Je ne serai jamais un dragon. Quoi que je fasse.” Je lui ai répondu : “Non, je ne pense pas, mais tu pourrais t’endormir et rêver que tu es un dragon et à toutes les choses cool que tu pourrais faire” Elle a répondu : “D’accord, c’est cool !” et elle est retournée au lit en courant, toute contente. »

À l’heure du coucher, Hemsworth avait l’habitude de lire à India quelques pages de Oh, the Places You’ll Go! Il s’est même fait tatouer le personnage du Dr Seuss sur l’intérieur du bras gauche. Récemment, il a décidé que le tatouage était un peu ringard et a commencé des séances d’élimination au laser. « India m’a dit : “Qu’est-ce qui se passe ? Il déteint !” Je lui ai répondu : “Oui, mais c’est peut-être pas ouf d’avoir ce personnage de cartoon sur le bras, non ?” Elle a répondu : “Si ! On adore ce livre, et tu as fait ce tatouage pour moi.” » Le tatouage est donc resté en place, un peu flou et à moitié effacé.

Sur la plage, Hemsworth opte pour une selle western sur son cheval Dolly, nommé en hommage à Dolly Parton. Il veut protéger son dos (il finira par se faire opérer dans le mois) et monte dans une position en appui, un peu dure pour les genoux. Entre deux galops, nous parlons des films qui nous font pleurer. Elsa choisit L’histoire sans fin. India sèche, mais sa mère lui rappelle ses joues humides quand elles ont regardé N’oublie jamais au lit récemment. Hemsworth explique que la famille a un rendez-vous annuel avec La Vie est belle et qu’à chaque fois, la scène où le pharmacien endeuillé gifle le jeune George Bailey lui fend le cœur. « Attention à mon oreille, M. Gower », pleurniche Hemsworth en récitant les répliques du film. « Je sais que vous êtes bouleversé parce que votre fils est mort. » Tout le monde est d’accord, Jimmy Stewart, ça, c’était une star de cinéma.

Elsa propose une dernière balade avant de rentrer à la maison. India et moi menons le peloton, la fillette me regarde avec un large sourire. Nous galopons l’une à côté de l’autre lorsqu’elle me dit qu’elle a l’impression que son cheval a besoin de plus de vitesse. J’acquiesce et je me penche sur l’encolure de mon cheval, relâchant mes rênes et laissant aller l’animal. D’un coup on n’entend plus que le tonnerre des sabots, et soudain la voix extatique d’India qui crie qu’elle croit apercevoir un faucon sur le sable au loin. Vraiment ? Mais oui, oui, c’est bien un faucon !

Je ne tombe pas de ma monture, et Hemsworth n’a pas à se blesser davantage le dos en essayant de me sauver, et le soleil brille et l’eau scintille. Les deux chiens d’un vieil homme tentent brièvement de suivre le rythme de nos chevaux et, plus loin, un papa tient son bébé, une petite fille, par les bras tandis qu’elle patauge dans l’eau et éclabousse le rivage de ses petits pieds potelés. Hemsworth, un peu en retrait, observe la scène. Un peu plus tôt, il m’expliquait que s’il était un bon père, c’est qu’il avait appris du meilleur. Et nous voici, tous au bord de l’océan. Rien ne dure jamais, tout nous sera repris, c’est la vérité de nos vies. Mais en cet instant, nous nous sentons intensément vivants. Une fillette de 11 ans en T-shirt dragon nous montre le chemin.

Coiffure, Luca Vannella ; mise en beauté, Matteo Silvi ; tailoring, Hasmik Kourinian ; set design, Colin Donahue. Produit par Camp Productions. Pour plus de détails : VF.com/credits.

Initialement publié par Vanity Fair US

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