«JE SUIS REDEVENU UN PèRE ANONYME QUI POUVAIT ALLER à LA KERMESSE» : OMAR SY éVOQUE SA VIE DE FAMILLE à LOS ANGELES

«Paris pour le travail, Los Angeles pour la famille, le Sénégal pour tout rassembler.» Ainsi va la vie d'Omar Sy, qui s'est confié sur ses proches dans Viens, on se parle, une biographie signée Elsa Vigoureux parue le mercredi 24 avril aux éditions Albin Michel. L'acteur a notamment évoqué sa vie de famille avant son déménagement aux États-Unis, survenu en août 2012. «C'était juste différent, mes enfants étaient petits, on habitait dans les Yvelines, un petit village dans la forêt, la campagne un peu chic, proche de Trappes où j'ai grandi, s’est-il remémoré. On était bien, avec nos enfants, nos chiens.»

Reset total

Depuis, ce père de cinq enfants - Selly, née en 2001, Sabah, née en 2003, Tidiane, né en 2006, Alhadji, né en 2009 et Amani-Nour, née en 2017 – s'est installé outre-Atlantique. Une décision mûrement réfléchie. «Je voulais faire une espèce de reset total, une sorte de réinitialisation pour tout remettre à plat et dans l'ordre, a-t-il déclaré. Je ne savais pas à ce moment-là que mes enfants allaient devenir des Américains.» Avant de poursuivre : «Le projet c'était de partir pour la campagne des Awards (pour Intouchables, NDLR)qui dure quatre ou cinq mois, d'en profiter pour emmener les enfants, Selly, Sabah, Tidiane, Alijah… (Amani n'était pas encore née). Comme des grandes vacances bien méritées.»

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Omar et Hélène Sy se sont ainsi donné un an pour goûter à l’American Way of Life. Après plusieurs mois sur place, la décision s’est, dit-il, imposée d’elle-même : «J'ai vu ma fille Sabah s'ouvrir d'un coup. Je suis redevenu en un soupir le père anonyme qui pouvait aller tranquillement à la kermesse de l'école, ou accompagner une sortie scolaire. Je me suis dit, c'est là que ma famille doit vivre. À l'abri. À des kilomètres de la France, certes. Mais dans une vie qui leur appartient complètement (…) Moi, je suis resté là-bas, et en même temps je ne suis pas parti d'ici, je n'ai pas quitté la France.»

Aux États-Unis, Omar Sy se sent, affirme-t-il dans le livre, «en vacances». «C'est un lieu de repos, de détente, où je profite d'une autre vie», a-t-il assuré. D'ailleurs, le comédien a soutenu qu'il se sentait chez lui partout où se trouve sa famille. «Si on est bien, mes enfants, ma femme et moi, si on arrive à s'en sortir ensemble, le reste n'est pas dur», a-t-il indiqué. Ses enfants ont, quant à eux, trouvé leur place à Los Angeles. «Ils ont embrassé la culture américaine, c'est une évidence, mais pour autant ils n'ont pas cessé d'être Français, a-t-il indiqué. Mes enfants et moi n'avons pas la même histoire, en effet. Et c'est ma victoire, mon bonheur : ils ont une autre vie que la mienne, c'est acquis, c'est déjà pas mal. Leur histoire s'inscrit dans un mouvement vers l'avant.»

«J’étais présent à chaque accouchement»

Le protagoniste d'Intouchables (2011) a par ailleurs expliqué combien les naissances de ses enfants ont été des étapes charnières de son existence. «Elles sont autant d'étapes vers des ailleurs, elles ponctuent notre envol et consolident notre parcours», a-t-il estimé. Avant de détailler : «Selly, ma fille aînée, est née le même jour que moi, à Trappes, mise au monde par le docteur Viel, qui m'avait vu naître vingt-trois ans plus tôt. Sabah, Tidiane et Alijah ont vu le jour à Versailles. Et Amani, la petite dernière, est née à Los Angeles. J'étais présent à chaque accouchement.»

Omar Sy a en outre souligné combien les enfants occupaient une place importante dans son existence. «Les enfants sont une donnée de base dans ma vie, ils sont partout, j'ai grandi avec des enfants autour de moi tout le temps, j'ai beaucoup réfléchi à eux, à leur condition, je crois que les adultes sont là pour donner aux petits les clefs pour bien fonctionner, ce qui passe essentiellement par la conscience de soi, de sa propre histoire, pour pouvoir continuer, a-t-il précisé. J'essaie de m'appliquer à ça avec les miens.» Omar Sy l'admet volontiers : il est «fan de tous ses enfants». «Je ne me lasse pas de les regarder respirer, bouger, vivre», a-t-il indiqué à Elsa Vigoureux.

«Mon quotidien me manque»

Et le comédien ne se prive pas d'exprimer sa fierté à leur égard. «(…) J'ai des enfants dont l'envergure culturelle dépasse déjà la mienne : ils savent vivre et s'épanouir sur plusieurs continents, ils n'ont pas de frontières ni géographiques ni sociales dans la tête, je suis fier que chacun d'entre eux soit sur le chemin de la liberté, et j'aime voir combien ils sont soudés», s'est-il émerveillé. D'où la difficulté pour l'acteur de composer avec la distance lorsqu'il est loin des siens. «Je sais qu'ils ne le vivent pas mal, qu'ils sont dans leur quotidien, mais c'est aussi le pire pour moi : le signe qu'ils sont habitués à mes absences», a-t-il déclaré. «Deux mois sans eux, c'est relou», écrit ainsi Omar Sy à Elsa Vigoureux au cours de l'un de leurs échanges.

«Mon quotidien me manque tout le temps, soutient-il dans le livre. La distance m'impose aussi un recul, c'est ce qui me permet de dire tout ça, de me rendre compte que l'amour habite là où on ne regarde pas assez, dans l'ordinaire. Je voyage constamment, je ne suis pas enfermé dans mon quotidien. J'ai cette chance de savoir qu'il n'est pas un fardeau. Moi, je rêve d'aller chercher mes enfants à l'école. Je ressens le manque, et je considère que c'est une chance, parce qu'il me permet de me rendre compte.»

Fort heureusement, a précisé Omar, Sy, aucun de ses enfants n’a fait de crise d'adolescence. «Mais Alijah, du haut de ses 14 ans, je crois que ça peut venir…, a-t-il précisé. Il est décalé, mon fils, capable d'avoir des relations solides avec un gars qui habite à des centaines de kilomètres de lui, et en même temps très peu d'amis dans son quotidien proche. Je crois qu'il fonctionne sans se projeter, il prend les moments et les investit à fond. Un peu comme moi.» Au fil des années, Omar Sy a pour sa part revu sa manière de communiquer en famille. «Nous, on ne dit pas "je t'aime", a-t-il indiqué au sujet de ses parents et de sa fratrie. On t'aime.» Avant de nuancer, au sujet de ses proches : «Mais j'ai appris, avec ma famille, avec Hélène, avec mes enfants, que ça peut être bon à entendre aussi. Et à dire. Je m'adapte.»

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